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Galerie de la déportation

La question de la neutralité acadienne est sans contredit un élément clé dans la décision britannique de déporter la population acadienne. En effet, les Anglais n’arriveront pas à exiger de la majorité acadienne qu’elle signe un serment d’allégeance inconditionnelle au Roi britannique. La résistance acadienne est toutefois basée sur des craintes légitimes: le territoire ayant changé de mains à plusieurs reprises dans les décennies précédentes, les Acadiens veulent s’assurer que même s’ils signent le serment d’allégeance, ils n’auront pas à prendre les armes contre la France en cas de guerre. Si les Britanniques acceptent difficilement cette neutralité pendant quelques années, ils doutent de la bonne volonté des Acadiens, et des événements tels que la bataille de Grand-Pré en 1747 ne font que confirmer leurs craintes. Estimant qu’ils ne peuvent faire confiance à ces habitants d’origine française, les Anglais mettent de l’avant en 1755 le projet de les déporter loin du territoire convoité, espérant les intégrer, en petits groupes inoffensifs, aux colonies de la Nouvelle-Angleterre.

Ainsi Charles Lawrence, alors gouverneur de la Nouvelle-Écosse, ordonne la déportation à la fin juillet 1755, faisant déployer les forces anglaises sur le territoire néo-écossais dans le but de rassembler les Acadiens et de les disperser. Ceux-ci sont d’abord embarqués sur des navires à destination des colonies britanniques de la côte atlantique où ils sont maintenus et éventuellement dispersés, certains transportés en Europe. De 6 000 à 7 000 Acadiens sont expulsés en 1755. La déportation sera ensuite étendue à toutes les régions, et la prise de Louisbourg en 1758 marque le début de la fin. En effet, si l’histoire de certains résistants a traversé les siècles, la majorité des Acadiens ont dû se résigner et mettre en oeuvre des stratégies pour survivre au fléau.

Occupant une place fondamentale dans l’historiographie et dans la mémoire collective acadienne, la déportation est sûrement l’événement symbolique qui a le plus marqué l’Acadie, en devenant presque mythique. En guise d’exemple, le fameux poème Évangéline (1847), dans lequel Henry Wadsworth Longfellow reprend l’histoire touchante de deux amoureux séparés par la déportation, a fait le tour du monde à plusieurs reprises et est aujourd’hui apprêté à toutes les sauces : théâtre, littérature, peinture, chant, adaptation cinématographique, publicité. La déportation est donc un élément fondateur de la mémoire collective acadienne, qui en fait encore un élément central de sa quête identitaire.



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