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Joseph Gueguen (1741-1825)



Né en France, Joseph Gueguen s’embarque pour l’Acadie à l’âge de 12 ans. Il accompagne dans ce périple l’abbé Jean-Louis Le Loutre. D’abord domestique et secrétaire de son demi-frère le missionnaire Jean Manach, il apprend rapidement le mi’kmaq. Témoin de la Déportation, il fuit à l’île Saint-Jean puis à Québec, où il fait des études au séminaire jusqu’en 1758. De retour en Acadie la même année, il est victime des persécutions britanniques qui reprennent après la chute de Louisbourg et fait partie des quelque 3500 Acadiens qui se sont réfugiés dans la région de Miramichi. Après un hiver particulièrement difficile, Gueguen et d’autres Acadiens se rendent aux Britanniques et sont emprisonnés au fort Cumberland (l’ancien fort Beauséjour), où il est nommé traducteur et interprète, puisque maîtrisant la langue française, anglaise et mi’kmaque.

À la fin des hostilités en 1765, Gueguen, qui refuse de prêter le serment d’allégeance inconditionnelle au monarque de Londres, décide de s’installer aux îles Saint-Pierre et Miquelon. Il en est toutefois chassé par les autorités françaises deux ans plus tard. Obtenant alors des Britanniques la permission de s’établir à Cocagne au Nouveau-Brunswick, il y fonde un comptoir de traite des fourrures, sa tâche étant facilité du fait qu’il pouvait communiquer aisément avec les autochtones, ainsi qu’avec les marchands et les commerçants. Propriétaire d’un magasin, de plusieurs bâtiments et d’une goélette, il est aussi considéré comme le commerçant acadien qui réussit le mieux pour la période de 1770 à 1790.

Leader incontesté, neutre et pacifique, Gueguen est l’un des grands pionniers de la reconstruction acadienne, faisant partie du conseil des patriarches, un gouvernement parallèle acadien qui a siégé de 1784 à 1810. De par son instruction, Gueguen est consulté par les paysans acadiens et amené à se porter à la défense de leurs intérêts. Il est nommé juge de paix en 1794 en plus d’occuper diverses fonctions, telles que celles de notaire et même de prêtre laïc, si besoin était. L’importance qu’a eue Joseph Gueguen pour le développement de sa communauté ne fait pas de doute: celui que certains connurent comme le « savant », le « Docteur » ou encore le « sieur Joseph Gueguen, écuyer », s’éteint le 28 février 1825, dans le village qui l’a vu prospérer.