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La conquête anglaise de l'Acadie en 1713 et ses conséquences


1713-

La fin de la guerre de Succession d’Espagne est marquée par la signature, le 13 avril 1713, du traité d’Utrecht. Ce traité, conclu entre le roi Louis XIV de France et la reine Anne de Grande-Bretagne, cède définitivement l’Acadie, la Baie d’Hudson, Terre-Neuve et le protectorat des Iroquois aux Britanniques. Au sujet de l’Acadie, l’article 12 du traité d’Utrecht stipule que « …le Roi Très Chrétien Louis XIV devra livrer à la Reine de Grande Bretagne, la Nouvelle-Écosse, ou Acadie toute entière, comprises en ses anciennes limites… ». Ce traité scelle définitivement le sort de l’Acadie française. Les Acadiens, en grande majorité, choisissent de demeurer sur leurs terres, donc sous le contrôle des Anglais.

La France conserve l’île Royale (le Cap-Breton actuel) et l’île Saint-Jean(Ile-du-Prince-Édouard) où elle planifie rapidement la construction de fortifications pour contrer l’enserrement de ses colonies nord-américaines.

Suivant la concession de l’île de Terre-Neuve aux Anglais, quelque 150 colons français qui habitent Plaisance ont l’obligation de quitter le territoire. Pastour de Costebelle, nommé par la France à titre de gouverneur de l’Ile Royale, voit à leur installation dans un établissement arborant le nom de Louisbourg.

1717-

Louisbourg est choisi comme siège du gouvernement et place forte de l'île Royale. Ripostant au traité d’Utrecht, la France adopte d’ailleurs le projet de construire une forteresse à Louisbourg, entreprise dirigée par l’ingénieur français Jean-François de Verville. Ce plan prévoit l’édification d’une série de bastions devant se protéger mutuellement et reliés entre eux par des fortifications.

Recevant la première de ses trois commissions de gouverneur de la Nouvelle-Écosse, le Britannique Richard Philipps, a comme mission officielle d’exiger des Acadiens qu’ils signent le serment d’allégeance inconditionnelle à la couronne britannique. Toutefois, la majorité des Acadiens résistent et refusent de signer.

1718-

Les Français, sous la direction de Bienville, fondent la Nouvelle-Orléans en Louisiane.

1719-

La France débute les travaux de construction de la forteresse de Louisbourg sur l’île Royale. Est construit premièrement le bastion du Roi, suivi du demi-bastion du Dauphin, puis du bastion de la Reine et enfin du demi-bastion de la Princesse, celui-ci terminé en 1740.

Les ingénieurs de Louisbourg sont persuadés qu'aucune attaque n'est à craindre du côté du continent puisque les rivages abrupts de la région et les marécages entourant la forteresse empêchent toute intrusion. Ils choisissent donc de ne pas protéger plusieurs collines situées à portée de canon de la forteresse et qui dominent la ville.

1722-

Début de quatre années de guerres amérindiennes en Acadie.

1727-

Toujours dans le but ultime de voir à l’assermentation des Acadiens, le lieutenant-gouverneur Lawrence Armstrong demande à Robert Wroth de se charger des Acadiens de la baie de Fundy et de leur garantir, en échange du serment d’allégeance inconditionnelle à la couronne britannique, le droit à la religion et à la propriété. Malgré ces propositions, les Acadiens refusent catégoriquement de prêter le serment dans sa forme originale. Wroth accepte alors d’y apporter quelques modifications : la neutralité est admise, certifiant qu’ils n’auront pas à prendre les armes contre la France lors d’un éventuel conflit. Toutefois, le Conseil de la colonie reproche durement à Wroth ces concessions et exige qu’il annule le serment de neutralité.

1731-

Le gouverneur Philipps interdit tout commerce entre l’Acadie et Louisbourg.

Philipps est remplacé par Lawrence Armstrong à titre de gouverneur de la Nouvelle-Écosse.

1737-

Un recensement dénombre 7 598 personnes dans les régions acadiennes sous contrôle britannique. En ce qui concerne Louisbourg, la population est fixée à 2 023 personnes, dont 65 pour cent sont des civils et 35 pour cent des militaires. Durant la saison estivale, s'ajoute à ce nombre quelques centaines de pêcheurs, de marins et de marchands en visite. En effet, le port de Louisbourg accueille des navires de France, des Indes occidentales et de Nouvelle-Angleterre.

1738-

L'abbé Jean-Louis Le Loutre arrive de France et s’installe dans la région de Beaubassin. Chargé d’évangéliser les Mi’kmaqs, il devient rapidement influent et utilise ce pouvoir pour soutenir la France dans ses tentatives de reconquête des territoires perdus aux mains des Anglais.

1744-

En mars 1744, la France et l’Angleterre, opposée depuis plusieurs années, se déclarent officiellement la guerre dans le cadre du conflit mettant en jeu la succession d’Autriche, suite à la mort du souverain Charles VI. L’affrontement anglo-français de 1744 en Amérique du Nord s’effectue parallèlement à la déclaration de guerre en Europe.

En mai, la France confie à François Du Pont Duvivier, nommé capitaine de Louisbourg en 1737, la mission de reconquérir l’Acadie. Il débute ce mandat par la prise du port anglais de la région de Canso (N.-É) libérant ainsi la voix d’accès qui permet le transport des provisions des fermes acadiennes jusqu’à Louisbourg.

Craignant une attaque à Annapolis Royal (autrefois Port-Royal), coeur de la fortification anglaise de la Nouvelle-Écosse, le gouverneur du Massachusetts, William Shirley, envoie un contingent de plus de 2 000 militaires au lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Paul Mascarène.



Malgré la consolidation des troupes anglaises, Duvivier, mène une attaque au mois d’août, accompagné d’un détachement de 50 soldats français, de 160 Mi’kmaqs et de 70 Malécites, et appuyé par l’abbé Le Loutre, missionnaire à Shubenacadie. Siégeant obstinément jusqu’au 2 octobre, les troupes de Duvivier doivent finalement se retirer, reconnaissant leur infériorité numérique mais surtout, le manque de renforts en provenance de la France.

1745-

L'agressivité des Français à l'été de 1744, le mécontentement des troupes ainsi que les lacunes quant à la défense de la forteresse de Louisbourg, que soulèvent certains rapports, ont vraisemblablement influencé William Shirley, gouverneur du Massachusetts, à recommander l'attaque de Louisbourg.

C’est en mai que la Nouvelle-Angleterre, avec le Massachusetts en tête, décide de lever contre Louisbourg une armée de plus de 4 000 hommes, bloquant la forteresse et l'assiégeant pendant 49 jours avant d’en prendre possession. La Grande-Bretagne encouragea cette expédition en offrant son appui naval à l’expédition, tout comme New York, le New Jersey et la Pennsylvanie, qui lui fournissent de l'argent, des armes et des provisions. Les Anglais vont occuper Louisbourg pendant les quatre années suivantes. Les Français ripostent en détruisant Saratoga dans la vallée de l’Hudson.

1748-

L’Angleterre et la France signent la Paix d’Aix-la-Chapelle, mettant fin à la guerre de Succession d’Autriche. En échange de Madras, conquis en Inde par les Français, et de places stratégiques en Europe, sur la frontière des Pays-Bas, les Anglais restituent Louisbourg à la France ainsi que l’île St-Jean.

1749-

Alors que les Français reviennent à Louisbourg, les Anglais fondent Halifax, voulant en faire le coeur de la Nouvelle-Écosse. Établie premièrement sous le nom de Chebucto, la ville reçoit un peu plus tard l’appellation de Halifax, en l’honneur de George Dunk, comte de Halifax, qui en dirige la colonisation.



Sur l’île Saint-Jean, redevenue possession française, la population s’accroît graduellement, principalement suite à l'arrivée d’Acadiens de la Nouvelle-Écosse.

1750-

Le 15 septembre 1750, le major Lawrence se rend à Beaubassin (fondé par les Français en 1672) avec un contingent de 800 hommes. Pour parer à l'avance des troupes de Lawrence, les Français brûlent le village de Beaubassin et, dirigés par l’abbé Le Loutre, se réfugient de l'autre côté de la rivière, à l’endroit où sera érigé le Fort Beauséjour, sur la frontière de l’actuel Nouveau-Brunswick.

Sur l’emplacement de Beaubassin, les Anglais construisent le Fort Lawrence. C’est à partir de ce fort que sera scellé le destin de l’Amérique du Nord britannique.