Le sieur de Dièreville, chirurgien de profession, semble avoir été envoyé en Acadie pour un an par
un marchand de La Rochelle dans le but d’établir des relations commerciales et de rédiger un rapport de
ses expériences dans le domaine. Toutefois, le document qu’il lègue va bien au-delà de ce mandat. Dans
un mélange de vers et de prose, il raconte son aventure en Acadie, fournissant un récit détaillé de ses
voyages et décrivant la faune et la flore, les us et coutumes des habitants, leurs moyens de survie et leur
mode de vie.
À l’instar de l’extrait du texte de Villebon et de Goutin, les relations de voyage de Dièreville nous
proposent une vision de l’économie acadienne à la fin du 17e siècle, marquée par l’autarcie. En fait,
Dièreville souligne, à propos de Port-Royal, que les gens réussissent très bien à peupler le pays et à le
faire prospérer; il décrit aussi le travail de la terre, celui de la pêche et les nombreux enfants nécessaires
à l’exploitation des ressources du pays. Cependant, alors qu’il mentionne Beaubassin comme l’établissement
le moins productif, en aucun cas il ne soulève la question de la famine, qui semble pourtant avoir eu lieu
l’année de sa visite, pas plus qu’il ne mentionne la nécessité d’un commerce avec les colonies de la
Nouvelle-Angleterre.
Voici donc un extrait des écrits compilés durant ce voyage, qui nous permet, à travers l’oeil d’un visiteur
français, de faire une brève incursion dans la vie des Acadiens coloniaux.