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Families

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Prince Edward Island

Mont-Carmel

Mont-Carmel, P.E.I.
Moi, j'suis Maria Bernard. J'ai, j'viens de Mont-Carmel. J'ai venu au, j'suis native de Abram-Village a été élevée pis lorsque j'avais quatre ans, mes parents sont déménagés à Mont-Carmel. Mon père, c'était un enseignant et puis il avait eu un poste à Mont-Carmel, alors toute la famille on a déménagé à Mont-Carmel. On était une famille de dix enfants et puis parce que dans le temps t'avais pas de télévision, t'avais, on faisait beaucoup de choses ensemble comme famille, on jouait beaucoup aux cartes, on faisait beaucoup d'activités. Parce qu'on était un grande famille, on travaillait beaucoup aussi. Dehors, on faisait, mon père faisait toujours un grand jardin parce qu'y était, l'été y travaillait pas, y enseignait, alors l'été y était à la maison pis on travaillait beaucoup dans le jardin, on allait beaucoup ramasser des framboises, des fraises, des bleuets, des pommes de prés, on faisait beaucoup pis ma mère mettait beaucoup de choses en conserve. Pis on, c'était une famille qui travaillait, on travaillait beaucoup, on faisait beaucoup de choses, mais c'était, c'était toujours plaisant parce qu'on faisait toute ça ensemble entre mes frères pis mes soeurs on travaillait. On avait comme un esprit de famille, on mangeait toujours ensemble. Je m'en rappelle qu'on allait ramasser des paloudes, des paloudes de vase à Mont-Carmel, on allait pis on arrivait avec des sacs de patates pis on pouvait avoir jusqu'à 7 ou 8 pleins sacs de patates pleins de paloudes pis on s'assisait toute la famille autour de la table pis on rouvrait des paloudes toute la soirée. On était assez tannés, on allait jusqu'à 12 heures, 1 heure pis ma mère mettait 100, 100 bouteilles de paloudes ou, on travaillait très fort. Et puis on, mais on sentait pas c'était du travail parce qu'on jasait en même temps, on parlait. On avait pas de télévision, moi j'me rappelle, on a eu l'électricité, j'étais en 12e année. Moi pis mes frères pis mes soeurs, on se disputait pour mettre la lumière : «  C'est mon tour! Tu l'as mis hier soir!  » Pis j'avais 16 ans, j'avais 16-17 ans, c'était très nouveau pis c'était, mais on écoutait souvent la radio. On s'assisait les soirs pis on écoutait Un homme et son péché. Je m'en rappelle qu'on écoutait cette histoire-là. On se mettait autour de la radio souvent pour dire le chapelet, y avait le chapelet sur la radio pis on faisait le chapelet en famille. Mon père disait toujours les, y disait toujours litanies pis les prières après, pis je m'en rappelle quand que la télévision est arrivée, on se dépêchait entre les, entre les commerciaux là, tu sais : «  Dépêchons-nous pour dire le chapelet!  » Parce que on voulait pas manquer nos programmes de télévision. On avait pas beaucoup de contacts avec les anglophones. On était en campagne, on voyageait pas beaucoup, on avait pas de contact beaucoup avec les anglophones. Comme ma mère a parlait presque pas l'anglais. On avait très peu de contact, on parlait toujours en français mais à l'école toutes nos livres étaient en anglais parce que fallait écrire les examens de la province, alors je m'en rappelle, on allait, on avait des, des livres de mathématiques en anglais des livres anglais. On avait pas de bibliothèque, très peu de livres en français à lire, alors on a pas eu la chance de développer beaucoup notre vocabulaire. On faisait venir des livres de la bibliothèque de Charlottetown pour un mois ou deux. On avait des, on empruntait des livres pis c'était toutes des livres anglais. Alors on, moi j'avais jamais parlé anglais, mais j'connaissais toute l'anglais parce qu'on lisait en anglais pis on écrivait en anglais mais j'avais jamais parlé. C'est seulement lorsque j'suis allée à l'École normale que j'ai commencé, j'avais besoin de parler anglais pis j'parlais avec une grosse accent française, mais ça fait rien j'étais obligée. Mais par la force des choses, si on voulait voir un médecin, si on voulait aller voir un dentiste, si on voulait un avocat, bien c'était toute en anglais. Mais on connaissait toute, tout le monde connaissait l'anglais, mais jamais qu'on parlait en anglais. Moi, chez nous ou à la maison, on parlait jamais l'anglais, c'était toujours en français parce que on était un peu isolés. L'école française est arrivée en 1960 lorsqu'y ont voulu amalgamer les écoles. La province a décidé de prendre les p'tites écoles de campagne pour faire des plus grosses écoles alors là les, les gens de la communauté ont décidé qu'y voulaient avoir une école française, c'était pas prévu par le gouvernement, pis y avait pas de question que le gouvernement au début, y avait pas de question tu sais qu'y allait avoir une école française, mais les gens vivaient dans la campagne, pis on parlait toute en français pis tout d'un coup y voulaient toute nous exposer. En 7e, 8e, 9e années, ils auraient été à Miscouche qu'était anglais, ensuite à Summerside. Alors la communauté a dit: «  Non! On veut avoir une école française!  » Pis c'est de là que ça commencé. Pis même lorsqu'on a commencé l'école française, on avait encore les textes étaient toutes en anglais. Ça pris des années avant qu'on ait dit : «  Hé! On veut des textes en français! On veut quelqu'un au ministère qui nous trouve des textes en français!  » Ça pris plusieurs années parce que moi j'ai enseigné partir des années 59 et puis on avait toute des textes en anglais, mais on parlait français. Moi, je m'en rappelle, j'enseignais les mathématiques, c'est ça les mathématiques mais ça c'est un «  numerator  » pis ça c'est un «  denominator  » parce que c'est ça qu'était dans le texte. Pis lorsqu'on a eu les livres français, on était donc contents… Oh oui! Y a fallu se battre! Y a fallu demander pour avoir des livres : ça vient pas du jour au lendemain là. On s'est battus beaucoup, on a vraiment été, on a pas toujours été choyés pis même lorsqu'y nous ont donné l'école, je m'en rappelle, ils nous ont dit : «  On va l'essayer, on est pas sûr ça va aller.  » Ça pris des années avant qu'ils ont décidé que on avait le droit à une école française, mais ça toujours bien marché. Notre école a toujours bien marché alors on a pas eu de problème parce qu'on avait assez d'étudiants. Mais on a été obligés de, de se battre pour longtemps. Moi, je m'en rappelle un fois j'avais été avec la Société Saint-Thomas-d'Aquin, on avait rencontré le premier ministre dans le temps pis y dit : «  Vous autres, les Français, vous êtes comme les clubs, le club, j'sais pas moi les Richelieu ou les Knights of Columbus, vous êtes tannants.  » Y nous considérait les francophones comme un autre groupe qui voulait avoir des, comme un club qui voulait avoir queq'chose! Pis on a dit : «  Non! On est un peuple, on a le droit!  » Mais on a eu de la difficulté à faire comprendre ça à notre gouvernement pour longtemps. C'est seulement après que la Charte des droits a passé là qu'y ont commencé à réaliser que c'était OK d'être francophone pis souvent, on se faisait qu'on était, j'crois que la majorité, on pensait qu'on était moins, comme Acadiens, on se croyait inférieurs aux anglophones. Moi, j'suis allée dans une école anglaise pour apprendre, pour devenir professeure pis j'me faisais moquer de moi parce que j'parlais avec une grosse accent français pis j'me faisais moquer pis y avait des gens qui dit : «  On veut pas être autour de toi parce qu'on aime pas la manière que tu parles!  » On avait des difficultés. Moi, j'ai vécu ça dans les années 60, dans les années 50. Ah oui! On s'est fait, on s'est vraiment, pis on le pensait qu'on était inférieurs parce qu'on avait assez été, on a été isolés. Chez nous on était bien, mais lorsqu'on se mêlait avec les anglophones, on se croyait inférieurs. On était, mais on a, on a commencé à dépasser ça. On s'appelait les p'tits Acadiens.
Other formats
Title: Mont-Carmel, P.E.I.
Description: Maria Bernard talks about family life in the middle of the 20th century in Mont-Carmel, P.E.I., and how the Acadians of that region fought to establish access to education in French.
Subjects: villages
Source: Connections Productions
Language: French
Date: 2007-03-21
Creator: Connections Productions
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