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J'suis Jean-Paul Savoie. J'suis né à Kedgwick en 1947. Mon grand-père s'appelait André Savoie. Eux sont venus s'installer à Kedgwick après les grands feux de Campbellton. Y ont monté ici parce que ils avaient besoin beaucoup de bois pis c'était l'industrie forestière à cette époque-là. Lui, ce monsieur-là, c'est un cook en forêt, puis très rapidement y ont compris que ça prenait un hôtel, puis mon grand-père, c'était un bonhomme assez important parce que y avait l'hôtel, pis y était propriétaire, y était aussi gérant de la commission des liqueurs à l'époque, pis peut-être un peu de bootleggage à l'hôtel, pis ça se passait alentour de l'hôtel. Les gens débarquaient du train, s'en venaient à l'hôtel, restaient une couple de journées pis après ça montaient en forêt à pied ou en cheval. Pis la plupart du temps le chauffeur de taxi, c'était mon père qui allait l'autre bord de la rivière. Pis de la misère en masse l'hiver, bien y traversaient sur la glace, des fois où la glace a cassé, y ont eu bien de la misère là aussi. Pis y allait mener le curé aussi une fois de temps en temps pour aller prêcher aux bûcherons. Armand Plourde, c'est un genre de phénomène d'après moi. Y faut dire quand que moi, y a 23 ans 33 ans, j'étais pas alentour pis j'étais pas un être très, très, j'étais un croyant dans la vie, mais j'suis pas un religieux si tu veux, ça fait que y a une partie de lui que j'connaissais pas, mais quand j'suis revenu bon à un moment donné, y ont dit : «  Bien y a des élections.  » Moi j'avais pas voté souvent tu sais, j'étais en voyage pis politique ça m'intéressait pas beaucoup là, j'étais dans un autre monde moi là. Ça fait que bon j'ai bien, bien, y ont dit :
- Jean-Paul, pour qui tu vas voter? 
- Bien, j'ai dit, dans ce temps-là des gros conflits entre Kedgwick Saint-Quentin, j'ai dit, y en a aink un qui vient de Kedgwick, Armand Plourde, c'est le Parti acadien, bon c'est peut-être aussi bien d'aller avec lui, yé de Kedgwick. Au moins, on va pouvoir lui parler, yé proche, moi je le connais pas beaucoup, beaucoup, mais on va le découvrir.  »
Pis j'ai voté Parti acadien cette fois-là. Mais quand j'ai connu l'homme, j'ai compris bien des choses tu sais, dans le sens que premièrement le Parti acadien, y créait un problème de conscience aux Acadiens comme le Parti québécois. Ça devrait pas exister qu'un parti prenne le nom du peuple, tu sais, t'es pas un bon Acadien parce tu votes pas le Parti acadien, tu sais déjà là y a un, c'est pas correct en partant, tu crées un problème de conscience. Mais cet individu-là est venu à Kedgwick, pis y nous a politisé. C'est le plus beau cadeau qu'y a pas pu faire à la population de Kedgwick. On est des gens politisés pis quand on s'organise, on se bat parce qu'on est politisés. On sait qu'avec 50 %, 50 personnes, on peut aller bloquer une route, on peut se battre pis on peut gagner, on sait ça, ça c'est Armand Plourde qui a fait ça. On s'est battus pour l'hôpital de Saint-Quentin ensemble les deux villages, ça c'est Armand Plourde qui nous a montré ça. Saint-Quentin s'est battu pis sont bourrés de revenus, bien y ont suivi notre modèle, y a gagné tu sais. Tu peux gagner les batailles, tu sais, y nous a politisé. Beaucoup ailleurs les gens ont perdu cette notion-là que le peuple peut encore revendiquer pis gagner si c'est bien organisé. Bien ça, c'est Armand Plourde qui nous a amené ça.