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Saint-Pierre et Miquelon
Je suis Jeanne Leighton Poirier, la fille de Léon Poirier et Marie [Maltawalsh]. Des ancêtres sont nés à Beaubassin, Jean-Baptiste, Pierre-Louis, par contre de… Pierre est venu s'établir à Miquelon où il possédait des goélettes, y s'occupait des graves. Son fils, François-Émile, a continué à construire des petites goélettes à Miquelon et en 1860, il a décidé de venir s'établir à Saint-Pierre. Il avait déjà un fils. Alors en 1860, il s'est établi à Saint-Pierre. Il est arrivé, il a construit lui-même une maison, il a, sur la rue Truguay, ensuite il a fait un atelier sur la rue de [Lonce] et il a continué à construire des embarcations de pêche. Et à ce moment-là y avait beaucoup de goélettes qui venaient à Saint-Pierre et sur les grandes goélettes, y avait 12 dorices, sur les petites goélettes y en avait 6… C'est des petites embarcations de pêche comme y a encore maintenant, y en a encore des dorices à moteur à Saint-Pierre, y a des petits dorices à l'aviron aussi, oui. À ce moment-là les dorices, c'était des dorices des bancs qu'on appelait qui vendaient aux goélettes, aux armateurs qui étaient ici, quoi. Et puis ensuite, ils construisaient aussi des dorices pour les pêcheurs de Saint-Pierre et de Miquelon. Au départ, c'était les dorices comme les dorices à l'aviron, ensuite c'était des dorices qui étaient motorisées. Mais y avait un grand atelier et puis quand on arrivait de l'école, quand on entendait le bruit des machines, alors on allait, on allait à la porte qui séparait l'atelier de la maison, on ouvrait doucement la porte et puis on écoutait le bruit des machines, on voyait les copeaux de bois qui volaient, on sentait l'odeur du bois, c'était formidable. Mais on pouvait pas ouvrir la porte en grand parce que papa nous avait interdit. Enfin désobéissante de nature, j'ouvrais la porte quand même. Saint-Pierre à cette époque-là, premièrement on chauffait au charbon, ensuite on allait à l'école, mais y avait pas beaucoup de distractions comme maintenant. Tout du long de l'Anse à Rodrigue, là, y avait des dorices et plusieurs dorices à la file, alors quand le soir quand les dorices rentraient de pêche, on allait au bord du plein, on appelait ça le plein, on entendait, on entendait les moteurs, les dorices qui rentraient et pis on allait s'asseoir là à regarder les pêcheurs qui tranchaient la morue, qui enlevaient la raquette, qui tranchaient la morue et puis on remontait toujours avec une morue fraîche ou une raie que le pêcheur nous offrait. C'était, c'était agréable, hein, et puis y a plus, du côté-là, y a plus l'odeur, l'odeur du poisson, du plein, on ne sent plus ça. Y a, on ne sent plus ces odeurs-là. Alors je suis allée un jour me promener au bord d'un étang, j'ai aperçu un dorice qui s'en allait en ruine et puis j'ai vu un arbre qui poussait, qui partait de la sol, alors je suis revenue à la maison et puis j'me suis mis à écrire le poème-là.
L'adieu du dorice des bancs
Des bateaux énormes naviguent
Mais moi je me suis éclipsé
Et pourtant dans l'Anse à Rodrigue
J'ai laissé un peu du passé.
Je m'accuse envers la nature
Car dans la petite forêt
J'ai fait couper, oui c'est sûr,
Les arbres qui faisaient sa beauté.
Mais voilà, il fallait du bois
Pour construire ces petits joyaux
Qui sur les bancs étaient les rois,
Glissant doucement sur les eaux.
La mer était souvent méchante,
Deux hommes à bord devaient lutter
Pour que même dans la tourmente
Le fruit du labeur soit sauvé.
Les goélettes ont disparu,
Chassées par les grands chalutiers.
Moi, tout petit, je n'en peux plus
De regretter le temps passé.
C'est pourquoi je retourne à l'arbre
Qui de ma sol tout droit se dresse,
Et le pêcheur qui me regarde
M'ouvre son cœur avec tendresse.
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Titre : Saint-Pierre et Miquelon
Description : Jeanne Leighton Poirier se souvient de la construction des dorices et des goélettes à Saint-Pierre et Miquelon.
Sujets : familles
Source : Connections Productions
Langue : français
Date : 2007-02-19
Créateur : Connections Productions
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