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Kedgwick, N.B.
OK, mon nom est Maurice Babineau. Je demeure à Kedgwick comme vous le savez tous. Alors depuis j'dirais l'âge de 14 ans moi, je recherche des canons. Lorsque ma femme, si a serait à côté de moi a vous dirait y a pas eu de rencontre de Babineau oùsse qu'on a pas parlé de canon. C'était immanquable, les canons revenaient toujours sur la discussion. Ma femme, elle en est venue même tannée. Les canons, c'est qu'y a eu une armée qui s'appelait l'Armée bleue, les habits bleus, qui ont parti de Campbellton dans les années 1900-1837. Eux l'idée était d'aller défendre la ligne, le Canada, si on veut, pis les États-Unis à la rivière Saint-Jean. Alors y ont parti de Campbellton avec deux Indiens et puis y se sont dirigés sur la rivière Upsalquitch. Et pis à un moment donné, au niveau du Popologan, c'est un lac qu'y a dans le bout là, un Indien, un des guides, est retourné de bord à Campbellton pour apporter la malle on dirait ou l'information de l'armée et puis lui il est jamais retourné. Mais le plus drôle de tout ça, le plus triste que moi j'trouve, c'est qu'y a jamais personne qui a poussé les recherches assez loin pour qu'on puisse trouver ce qu'y en est devenu, de cette fameuse armée-là qui selon l'histoire, les anciens, avait au moins 800 hommes et trois canons. Si on se réfère à l'histoire des anciens qui nous disent que le premier guide indien retourne à Campbellton, le deuxième quoisse qui a arrivé, on le sait pas, y s'est probablement écarté parce que selon l'histoire y allait prendre l'Upsalquitch, le grand 22 pour sortir à la rivière Saint-Jean, mais selon les anciens, y se serait trompé, y avait pris le p'tit 22. Alors plutôt de continuer droit, y ont viré à droite, ce qui les a apportés plus par ici par Saint-Martin, même si c'est plus loin que Saint-Martin, j'dis Saint-Martin pour que les gens se situent sur la mappe alors, c'est ça l'erreur qu'ils avaient fait et puis s'en allant par le p'tit 22, là y ont fessé des coulées pis des montagnes qui était pas logique, une armée même avec trois canons, c'est pratiquement impossible. Alors probablement ce qui est arrivé, j'ai l'impression, j'mets une supposition, qu'y seraient probablement morts du scorbut queq'chose du genre parce que les vieux nous racontent qu'y ont trouvé les canons. Je me rappelle que mon beau-père qui est mort v'là une vingtaine d'années qui avait comme 80, me montrait dans la forêt un grand, grand chenal qu'on appellerait nous autres là, qui avait pas d'arbres, pas de chemins juste des p'tits arbres pis y me disait : «  C'est par là que l'armée a passé.  » Alors moi j'ai dit à un moment donné : «  Bien, on va les trouver les fameux trois canons.  » Alors j'ai été voir des gens, les gens me disaient : «  Oui, j'ai 92 ans. J'me suis assis dessus, mon p'tit garçon.  J'avais 17 ans ou j'avais 15 ans. »
- Bien à quelle place c'était, pépére?
- Bien dans le rang un tel, tu prends l'autre chemin, tu revires à droite, tu revires à gauche.
Là, j'embarquais avec le monsieur. Avez-vous pensé que le monsieur qui avait 20 ans, aujourd'hui y avait 90, dans son époque à lui y avait un chemin, aujourd'hui y a 25 chemins? Alors au bout d'un heure ou deux, le monsieur était écarté, y savait pu oùsse qu'y était, alors j'ai jamais trouvé de canon. L'été passé, un exemple, j'ai fait une très belle découverte. Y a un monsieur qui chassait en forêt, y m'est arrivé chez nous, y dit : «  Maurice, j'pense j'ai trouvé ton affaire de canon.  » J'étais fou de joie. J'ai dit à ma femme : «  J'prends la journée!  » Le lendemain matin, j'embarque avec le monsieur. On monte par Saint-Martin en allant par Saint-Quentin dans un rang, y m'apporte en plein milieu de forêt oùsse qu'y a aucun chemin, y faut s'entendre, on est arrêtés ici, on a débarqué, on a fait un mille dans le bois, y a pas d'vieux chemins là, les gens vont dire, les gens vont dire ça des fois : «  Y avait un vieux chemin là v'là 20 ans.  » Non, non en pleine forêt, les gens commençaient à bûcher, c'était une forêt vierge manière. Y m'arrive là, on trouve un trou dans l'eau, dans la terre, 10 pieds carrés toute en cèdre, 10 pieds de creux, j'ai apporté le détecteur de métal, y a aucune clou ça été fait comme à l'ancienne. Je me tasse un p'tit peu de côté, j'vois un chenal, un trou qui a, j'dirais grosso modo 300 pieds de long qui a 7 pieds de creux pis la terre est seulement sur un côté. Hé ça me fascine j'dis : «  Qu'est-ce que ça peut être?  » Lui me dit : «  La seule chose que j'peux imaginer, c'était probablement que les soldats se sont bâtis une cache avec un camp par-dessus ça pis y sont probablement fait un trou à l'intérieur de ça comme une p'tite caverne pis la cache, le camp en question y était reviré avec les années pis y s'est évaporé.  » «  Alors, j'ai dit, on va creuser.  » Alors j'ai pris le détecteur de métal, dans l'embouchure de ce chenal-là, j'ai creusé trois pieds de creux. À l'intérieur de ça, j'ai trouvé un ring en fer avec des crochets, un autre ring en fer, un p'tit cors en bois qui était, soyons honnête, tout défait, mais y avait quand même des morceaux qui servaient si on se réfère à l'ancien temps, à envoyer dans le trou mettre de la terre avec une poulie quelconque, des animaux un cheval ou j'sais pas quoi, tiraient la poulie et pis y vidait pour vider ce trou-là. Alors ça me fascinait, alors je me suis dit : «  Si le bon Dieu le veut, à l'été 2007, j'veux retourner avec des amis qui ont des meilleurs détecteurs de métal que moi, pis on va essayer vraiment de fouiller si y aurait pas moyen de trouver autre chose que ça.  »
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Title: Kedgwick, N.B.
Description: Maurice Babineau talks about the Blue Jackets Army which left Campbellton in the 1830s and of his fascination with canons.
Subjects: villages
Source: Connections Productions
Language: French
Date: 2007-03-06
Creator: Connections Productions
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