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LEB-LOR

Léger

The Légère family and Caraquet, N.B.
Nous sommes ici depuis 1757. La famille Légère est arrivée avec les fondateurs de Caraquet à Saine-Anne-du-Bocage et nous y sommes demeurés depuis. Il m'est arrivé une chose extraordinaire pour le temps. Moi, mon travail, fallait que je corde le bois - on vendait du bois prêt à chauffer -, y fallait que je le range, le corde, et un jour papa a dit : «  Aimerais-tu venir avec moi chez monsieur Fiou.  » Ça, c'était une faveur parce que le gérant de Fiou avait la plus grosse maison du village et il n'y entrait pas ceux qui voulaient. Ceux qui y entraient, y fallait que ça soit bien vérifié. Alors, je suis allé avec papa et j'ai eu le privilège d'entrer dans la cuisine de monsieur Fiou. Ça, c'était tout un événement! J'avais peut-être une dizaine d'années et j'en ai parlé pendant quelques semaines avec mes compagnons de l'école, parce que j'étais allé dans la cuisine de monsieur Fiou. Et moi, ce que je m'en rappelle de papa, «  monsieur Fiou  », là, quand y disait «  Monsieur Fiou  », j'crois qu'y baissait la tête par révérence, parce qu'enfin, c'est lui qui avait entre ses mains la vie économique de toute la région et ceux qui étaient aptes à le servir, bien, ils étaient comme des gens favorisés. Alors papa lui, à cause qu'il parlait anglais, bien y pouvait entrer à la maison. Mais c'est pas tout ça, ma grand-mère qui avait assisté à la révolte de Caraquet en 1875, elle avait eu connaissance de ça parce qu'a l'est décédée très âgée, et un jour un des commis à Fiou était venu chercher quelque chose chez nous et elle savait que c'était un Anglais. Les Anglais, pour elle, c'était la crainte et je me rappelle qu'elle m'a dit «  Martin!  », derrière le poêle y avait une escalier avec une porte. A m'a pris par la main, pis a l'a dit : «  Cache-toi dans l'escalier, moi, j'vas aller me cacher dans ma chambre.  » Et ça, ça m'avait marqué, cette crainte des Anglais, et alors que j'étais tout jeune, quelqu'un m'a passé le volume La tragédie d'un peuple d'Émile Lauvrière, qui décrivait l'histoire de l'Acadie et principalement l'histoire de la Déportation d'une façon vraiment horrible, il y allait. Et moi, j'ai lu ça et à partir de ce moment-là, j'ai pris un amour de l'Acadie. Ça m'avait marqué, vous savez, c'est incroyable ce qu'un volume peut faire à un jeune, j'avais peut-être 13-14 ans, j'étais tout jeune et c'est à partir de ce moment-là que j'suis devenu un ardent défenseur des Acadiens. Ça, je dirais ça m'a jamais quitté cet amour de l'Acadie. L'idée du mouvement coopératif m'est arrivée dans les années 35 alors qu'un agronome, monsieur Pineau, venait nous donner des conférences. On avait l'Association catholique de la jeunesse canadienne, l'ACJC, et il nous avait donné une causerie sur les caisses populaires parce que lui avait étudié l'agronomie à Sainte-Anne-de-la-Pocatière et les caisses populaires en 35 commençaient à avoir quelques millions dans le Québec. Et moi, j'avais écouté ça avec grand intérêt et après la conférence, c'était assez amusant. Il m'a dit : «  Martin, tu devrais te lancer là-dedans.  » Moi, je venais justement de compléter mon cours commercial et ça m'avait intéressé. Le clergé était nos plus grands supporteurs. Ils nous ont ouvert les portes de l'Acadie pour fonder des caisses populaires. Ils étaient tellement imbus de l'idée que dans certaines paroisses entre autres, on m'invitait à la messe; le curé annonçait qu'il n'y aurait pas d'homélie, mais demandait aux gens de demeurer à l'église, dans l'église, parce que Martin Légère allait leur parler des bienfaits que pourrait apporter une caisse populaire dans la paroisse. Alors moi, je m'étais préparé un discours en conséquence. Je parlais de la charité, de l'amour et des péchés et ça, ça prenait, surtout pour les péchés. J'disais que c'était le remède incroyable pour éviter le péché parce que si tu pratiquais l'épargne, presque nécessairement il en découlait que t'allais pratiquer la vertu, toutes les vertus et l'épargne, bien c'était l'antidote de l'ivrognerie – dans le temps, l'ivrognerie, c'était assez populaire. Alors un épargnant ne dépensait pas ses économies pour de la boisson, un épargnant ne courait pas après la femme du voisin parce que c'était, c'était pas tout à fait dans, un homme qui est épargnant devenait un homme avec un jugement plus sain et sa vie, tout reflétait, se reflétait dans sa vie. Alors les curés aimaient beaucoup mon, ma façon de parler de l'épargne. La Déportation des Acadiens moi, ça, ça vient de loin parce que quelqu'un m'avait passé un volume, La tragédie d'un peuple, d'Émile Lauvrière, dans lequel on racontait d'une façon extraordinaire la Déportation. Alors ça, ça m'a marqué et je crois que, à partir de ce moment-là, j'ai réalisé la force et la puissance du peuple acadien qui avait pu traverser cette énorme crise-là, qui avait pu survivre et qui à ce moment-là commençait à remonter la pente. Alors, j'ai toujours gardé cet espoir qu'un jour le peuple acadien, on aurait une place au soleil.
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Title: The Légère family and Caraquet, N.B.
Description: Martin Légère, whose family is one of Caraquet's pioneer families, talks about how, with the help of the clergy, he came up with the idea to create the Caisses populaires acadiennes.
Subjects: villages; families
Source: Connections Productions
Language: French
Date: 2007-03-05
Creator: Connections Productions
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